Commission « le conte, outil d’éducation »
Comment pratiquons nous notre art ? Comment pouvons nous le partager et le présenter dans les écoles, les collèges, les lycées ? Que font les artistes conteuses et conteurs dans les lieux d’éducation ? Comment faisons-nous le lien avec les enseignant·es et les personnes en charge d’éducation ? Et, au fait, pourquoi y allons-nous ?
Ce sont quelques unes des questions que cette commission se pose, c’est pourquoi elle a été à l’initiative du colloque des 8 et 9 octobre 2022, « De bouches à oreilles, conte et éducation », co-organisé avec les conteuses et conteurs du groupe rhône-alpin Les haut-parleurs et alors, du Collectif Oralité Auvergne, de la revue La grande oreille et de la Confédération Nationale des Foyers Ruraux. Ce fut un succès : 200 personnes présentes dont 65 intervenant·es. Artistes, enseignant·es… Des échanges nourrissants, une belle diversités de paroles, de points de vue et de témoignages. De quoi donner envie de poursuivre…
Projet 2024 : Les cahiers conte et éducation
De ces échanges est né le désir de continuer la réflexion en réalisant des cahiers thématiques. Nous puiserons dans la riche matière du colloque de Villeurbanne mais également dans les interviews de conteuses, conteurs et enseignant·es, réalisés pendant plus de 10 ans par les « potins du conte », revue lyonnaise.
Je vous écris d’un pays où l’on se parle.
Ces cahiers thématiques disponible en version numérique et également en version papier en coédition avec la revue « la grande oreille ».
Le travail éditorial est en cours. Le principe de ces cahiers serait de réunir dans un même opuscule, un texte théorique et des témoignages entrant en résonance.
Le premier « cahier conte, outils d’éducation » dont le titre provisoire est « je vous écris d’un pays où l’on se parle » serait organisé autour d’un texte de Marc Aubaret, ethnologue et initiateur du Centre Méditerranéen de Littérature Orale (CMLO) : « Éduquer, enseigner avec la littérature orale / Histoire d’une résistance ». En archipel, autour de ce texte, on pourra découvrir des témoignages d’un travail avec des adolescent·e·s sur les mangas dans la banlieue lyonnaise ; d’un travail dans un lycée agricole ; dans un internat accueillant des enfants ; et également une réflexion sur le rôle déterminant de la parole poétique chez les très jeunes enfants.
Le second cahier « Hier, c’est tout près d’ici ! Ailleurs, c’est tout près d’aujourd’hui ! » (titre provisoire) interrogera l’actualité du conte et sera centré sur un texte d’Inès Cazales, maîtresse de conférences en littérature comparée à l’Université Paris Cité : « Les récits de transmission orale : des nourritures pour aujourd’hui ».
Un troisième cahier devrait s’organiser autour du texte de Gigi Bigot « Le conte ? Une parole à prendre ! » et de son expérience avec l’association ATD Quart Monde. Il sera évoqué Le pouvoir réparateur de la parole symbolique.
« Le conte outil d’éducation », le manifeste de l’Apacc
Suite à la parution du livret Seeds of tellers, coordonné par La Grande Oreille, la commission a rédigé entre avril et juillet 2021, le texte suivant, disponible également en pdf : Le conte outil d’éducation communiqué APACC 2021 07 12
« Nous, conteuses et conteurs professionnel·les de l’APACC, nous réjouissons de la parution du guide « Seeds of tellers » destiné aux équipes enseignantes, livret que vous pourrez trouver en ligne sur le site : https://seedsoftellers.eu/fr/
Ce guide nous permettra d’avoir une bonne base de discussion dans les établissements scolaires où nous intervenons.
En effet, nous expérimentons dans les établissements scolaires et ailleurs, pour certain·es d’entre nous depuis plus de 40 ans, la plupart des procédés décrits dans ce livret, connaissant le remarquable travail de Suzy Platiel ou pas, mais aussi inspiré·es par nos expériences de pédagogues, de formateurs·trices, d’artistes professionnel·les, de militant·es de l’éducation populaire, encouragé·es en cela par de nombreux·ses enseignant·es.
Dans un esprit de partage et de transmission, nous aimerions souligner ce que nous pouvons apporter, en souhaitant que ces points puissent profiter à toustes.
Nous avons acquis par notre métier :
– Une qualité et une curiosité d’écoute qui nous font détecter et apprécier toutes les paroles qui viennent du cœur, et qui nous permettent de les encourager d’une façon fine.
– L’humilité face à l’océan des récits populaires du monde entier. Pour la plupart d’entre nous s’y rajoute la connaissance approfondie de répertoires spécifiques, thématiques, géographiques… notamment les contes de randonnée et les contes merveilleux. Cette matière fabuleuse est, hélas, souvent réduite dans l’esprit du grand public à quelques contes de Grimm, aux contes de Perrault, voire aux adaptations de Walt Disney…
– Une connaissance et une pratique quotidienne du langage oral et de ses spécificités (répétitions, structures, linéarité, présence physique et émotionnelle…) qui le rendent bien différent du langage écrit.
– L’expérience joyeuse et réelle de la transmission orale qui demande engagement et passion, que ce soit comme conteur·se ou auditeur·rice.
– L’expérience et le travail d’un imaginaire et d’une mémoire transmis sans support matériel (texte, image) qui permettent aux conteureuses et à leurs publics de faire « groupe », de vivre des expériences communes fortes, de transmettre à leur tour grâce à l’élan que donne le plaisir partagé.
Nous considérons donc que les conteurs et conteuses ainsi que les structures ressources professionnelles ont leur place dans les établissements scolaires, tant sur le plan artistique que pédagogique.
Nous sommes là pour,
– Donner le goût
– Partager nos outils par imprégnation, imitation, encouragement
– Ecouter, accompagner
– Transmettre nos répertoires, donner des pistes…
– Et nous en aller sur la pointe des pieds pour laisser la place aux nouveaux conteurs et conteuses, qu’elles soient élèves ou enseignant·es. »
Deux autres chantiers restent ouverts :
1. Recensement des acteurs et des ressources existantes
Des actions sont mises en place dans toutes les régions de France. Chacun, chacune publie de son côté son expérience, ses recherches. Nous souhaitons les identifier, les rassembler : cartes ? index par thème de travail ? conservation dans la durée de la trace des actions passées ?
Un listing, qui a vocation à être mis à jour régulièrement avec vos propositions, est accessible ici : Ressources conte et éducation. Octobre 2022
Bien sûr il est incomplet et nous vous invitons tous et toutes, conteureuses, enseignant·es, chercheureuses, à nous signaler d’autres pistes…
Nous collectons les infos complémentaires par mail.
En prime nous vous offrons trois témoignages de conteuses sur leurs expériences en milieu scolaire :
Témoignage Fiona Macleod, conte à l’école, apac 2016
Témoignage Françoise G, conte à l’école, apac 2016
Eclat d’expérience, Annie Gallay , colloque de Bouches à Oreilles, 8 octobre 2022
2. Diffusion de la conférence de Suzy Platiel du 24 février 2020. Et de la journée d’échange qui a suivi.
« Le conte, outil d’éducation et d’humanité »
Les retranscriptions de ces journées sont en cours de finalisation…
Compte rendu rapide de ces deux journées :
41 personnes y ont participé. La majorité étaient des conteurs professionnels. Il y avait aussi des conteurs amateurs, la revue « la Grande Oreille », des représentantes de la Maison du Conte de Chevilly Larue, un enseignant chercheur de l’INALCO et une enseignante de collège.
Le 24 février Suzy Platiel a donné une conférence qui a été entièrement filmée par un professionnel et qui sera retranscrite.
Le 25 février, des personnes qui ont une expérience d’intervention dans des écoles ont témoigné, avec un retour et des explications complémentaires de Suzy Platiel. Les 8 témoignages concernaient des actions menées dans toute la France : Puy de Dôme, Montpellier, Paris, Région parisienne, Maine et Loire, Pyrénées Atlantiques, Drôme.
Enfin ces deux jours ont eu lieu dans des salles de diffusion du conte à Paris, le Mandapa et le Théâtre de l’Echo, une autre façon de faire vivre le lien entre L’APACC et les différents partenaires du conte.
La commission doit maintenant réfléchir au mode de diffusion de ces journées et à la place de ce travail parmi toutes les initiatives sur le conte en classe.
Pour en savoir un peu plus sur le travail de Suzy Platiel, ethnolinguiste et africaniste : une vidéo du CNRS